Laisser retomber les poussières...
Bonjour mes anges !!!
Vous êtes nombreux à me demander pourquoi je n'écris pas beaucoup en ce moment. La vraie vérité, c'est que je me fais "décaniller" énergétiquement par tout un tas d'énergies qui transitent dans mon espace intérieur.
Les derniers mois, tout est allé si vite que je n'ai pas eu de temps pour laisser reposer les poussières.
Métaphoriquement, ça s'image à peu près comme un artiste qui monte sur scène. Dans ce moment là où les lumières sont éteintes dans la salle, et qu'il n'a aucune lumière sur lui. Où tout est calme, et que l'on peut voir les poussières de l'agitation retomber tout doucement, comme au ralenti sur le sol. Ce moment ou on voit toutes ces petites particules se poser, où on a le souffle coupé, et où chacun retient son souffle, attendant le moment où tout va commencer, où le silence sera brisé, par un souffle dans le micro, une parole, et où la lumière va de nouveau entrer dans l'espace, pour le remplir.
Ce moment là où tout s'éteint, pour mieux se rallumer. Pour l'artiste, c'est un moment hors du temps, où tout se bouscule dans sa tête, dans son corps, où tout se met à trembler, où tout s'éveille et tout s'engourdit en même temps. Un moment de pure grâce, mais qui ne s'installe pas, car il y a tant de perceptions qui s'entremèlent.
Ce moment de profonde solitude, malgré la présence de milliers de personnes toutes proches de lui.
Je me trouve dans cet espace là. Où mes poussières se posent, je suis comme cet artiste là, sur la scène non éclairée. Dans cet espace où je n'ai plus aucune idée de ce que je suis, plus aucune idée de ce que je vais dire, où je ne me souviens plus des paroles de mes chansons, plus de mon texte, où j'ai l'impression d'être livrée à moi même, sans filet. Avec l'impression que je tombe, en continu, une chute de plusieurs kilomètres dans le vide, qui ne dure que quelques secondes, mais paraissent l'éternité.
Dans ce moment là, on se demande ce qu'on fout là. Qu'est ce qui nous a mené jusqu'à ce moment précis ?
Pourquoi c'est nous qui poussons les gens à retenir leur souffle eux aussi ?
Qu'est ce qu'on fout là dans le noir. A ce moment précis.
Et on regarde les poussières se poser. On oublie tout. On sait qu'on va devoir briser le silence à un moment donné, mais on aimerait que ce silence là ne prenne plus fin. On aimerait donner vie à ce silence, sans qu'il ne se termine.
Puis les musiciens commencent. La musique s'anime. La lumière se fait. La note vient, et la lumière nous transperce. La voix sort toute seule.
Le texte qui quelques secondes avant avait filé de nos lèvres nous revient.
Et il n'y a plus que la musique, et la voix qui file toute seule sur la mélodie.
Les mots viennent, les phrases s'enchaînent. Les poussières se remettent à voler dans l'air. Le silence se brise, mais on sait qu'il est toujours là, quelque part, derrière les notes, les chuchotements, les applaudissements, ce silence est là. Apaisant, profond, habité.
On sait dans ces moments là, que nous sommes tout, le silence derrière, les mots, les notes, les poussières, les gens.
On respire de nouveau. Le corps cesse de trembler, la voix se fait au fil des notes de plus en plus assurée. Et la mélodie file.
Ces derniers temps, j'ai eu l'impression de savourer ce moment, de laisser retomber les poussières. Mais en réalité, je ne leur ai pas laissé le temps de se poser au sol, j'ai démarré mes notes trop tôt. Par crainte de ce moment là, où me retrouver seule face à ces pensées. Seule face au silence.
La particularité de ma famille d'âme, les artistes, c'est une grande solitude intérieure. Et aucun n'arrive à éviter ça, parce que la vie lui a donné cette chose là, pour structurer sa personnalité.
Pour la création, il faut savoir faire face à soi même.
S'abandonner sur la route.
Nous sommes certainement la famille d'âme la plus "habitée" de création, mais la plus torturée aussi.
A l'image de l'humanité qui se torture bien souvent elle même.
Seul, entouré, mais seul.
Mes poussières se posent en ce moment même. Juste d'avant d'écrire. Juste avant de commencer une conférence. Juste avant une consultation. Je prend le temps de laisser les poussières retomber. A la lueur de mon âme.
Ce moment que l'on redoute s'avère être le moment que l'on préfère. Son intensité, son absence de sens nous transporte.
Et le show commence.
La création s'anime. La vie reprend son souffle. Les murmures recommencent.
C'est un peu comme traverser le tunnel qui nous mène à la mort. La dernière respiration avant de laisser filer une note, qui, bien loin de nous tuer, nous ré-anime. Le coeur s'arrête, et repars, le souffle de vie nous anime de nouveau.
Moi dans ces moments là, je crois chaque fois que je pourrais mourir. Voir même, je voudrais que tout s'arrête, je voudrais mourir. Mes idées deviennent aussi noires que la lumière qui s'est absentée. Au début, j'ai peur, puis je lâche tout. Mourir, après tout, ça m'est égal. Et c'est avec cet abandon là que la note sort. La vie me revient. La lumière se fait. Et tout se transforme. Je sais ce que je fais là, je sais pourquoi c'est moi qui suis là, je sais ce que je dois dire, je sais pourquoi les gens sont en face de moi à retenir leur souffle ou applaudir, ou me balancer des tomates.
Je ne peux plus me défiler, c'est ce que je dois faire. Je m'oublie. Je SUIS tout simplement.
Les poussières se posent sur moi, sur tout, s'envolent de nouveau, tourbillonnent, et il n'y a plus juste moi qui les vois. La lumière les met en valeur, les sublime. Tout ce qu'on Est est visible, offert à la vue de tous. Les poussières que l'on aurait voulu garder pour soi, deviennent partie du décor. Elles sont l'âme de ce que l'on montre.
Sans ces poussières, la scène ne serait pas la même, l'instant ne serait pas aussi magique, l'image ne serait pas complète.
Elles s'intègrent à la scène. Et on sait que ces poussières sont, tout comme nous, de la poussière d'étoile. Cette même poussière qui fait la voie lactée. Elle nous entoure. Nous sublime.
Ces poussières, qui pourraient sembler à première vue comme un truc tout moche, sont ce qui donnent vie au décor, à notre décor.
Laissez les se poser de temps en temps, pour qu'elles puissent sublimer votre décor. Pour qu'elles subliment votre être.
@ Bientôt quelque part mes anges ;)
Ps : J'aurais pu utiliser la métaphore du plumeau en forme de plumes d'arc en ciel, qui dépoussière avec les gants de Bree Van De Kamp, mais c'était moins joli hein... :p