Une histoire de lutin et d'aigle... La non-dualité.
(Illustration : Bruno Bichara)
Bonjour mes anges !!!
En route vers l'éveil, nous passons (en tout cas c'est le cas pour moi) par une phase plutôt déconcertante.
L'entre deux.
Je vous ai exposé à quelques reprises un peu de mes perceptions sur la non dualité.
Il y a deux entités qui co-existent l'une avec l'autre, en nous.
Je vais tenter de vous l'expliquer simplement.
Il y a d'abord le petit lutin. Le petit lutin cours au milieu des arbres dans la forêt. Bien souvent, ce petit lutin galope très vite, pensant qu'à vive allure, il va éviter les prédateurs.
Ce petit lutin là est farci de peurs. Pour contrôler sa "survie" il va user de stratagèmes pour sauver sa peau, éviter de se blesser, ou de servir de quatre heure à un loup affamé qui passerait par là.
Dans le doute d'une éventuelle souffrance, il court. Comme Forrest Gump. Il court in the Forrest en fait. (fallait que je la fasse désolée lol)
Ce lutin représente notre personnalité humaine. Le mental, ou l'égo. Dont je vous parle aussi très régulièrement.
Parfois, ce petit lutin a besoin de se reposer, il va réduire sa course un peu pour observer ce qu'il se passe autour de lui. L'écorce des arbres, les fourmilières, il va observer un peu la vie, stopper sa course un petit moment, à des moments où il va se penser en sécurité. Dans une petite clairière où il aura la possibilité de "voir venir" les dangers.
C'est le moment où nous disons stop à ce mental qui réduit la cadence de la moulinette de l'esprit.
Nous devenons observateur de ce qu'il se passe autour de nous, à peu près dans le moment présent.
Un observateur qui regarde le monde avec sa personnalité. Qui, même si elle se fait moins présente par moments, est toujours là.
La méditation par exemple, ou toute technique existante de contrôle de l'égo ou de la peur, peut nous aider à "poser" notre cerveau, de sorte à devenir l'espace de quelques instants, ce petit lutin qui cesse de s'agiter.
Mais un petit quelque chose nous dit que la course éfreinée peut reprendre à n'importe quel moment.
Un loup se pointe, une peur quelconque et hop. Le battement trop proche d'un papillon, et la course reprend de plus belle.
Le lutin reste constamment en alerte. Tentant toujours, malgré lui, de rester en sécurité, et d'éviter, en controlant son "espace vital" que ce qu'il juge dangereux lui arrive.
Nous sommes tous des petits lutins.
mais une deuxième entité co-existe avec ce lutin. En nous.
Parfois, en tant que lutin, nous levons la tête, pour regarder au delà des arbres.
Et nous pouvons voir qu'une autre entité nous observe.
C'est un aigle.
L'aigle survole la forêt. N'ayant peur d'aucun danger. Il vole, avec ses ailes majestueuses.
Il n'a peur de rien, il est en haut de la chaîne alimentaire, et n'a que faire du loup, ou de tout ce dont le lutin peut avoir peur en bas.
Il observe simplement le lutin en train de galoper. Se demandant pourquoi le lutin galope à longueur de temps.
Cet aigle, c'est la "conscience". La part de nous qui ne connaît aucune peur, qui n'a pas besoin d'être en contrôle de l'environnement.
L'aigle sait que le vent va l'aider à voler, toujours plus haut. Il s'aide de son environnement pour aller là où il souhaite aller.
Nous sommes donc ainsi, à l'intérieur de nous, ces deux entités qui co-existent.
La part qui n'a de cesse de contrôler, sous l'effet de la peur, et la part qui n'en a pas.
L'aigle voit le lutin qui s'écorche les genoux dans sa course. L'aigle peut voir les dangers qui guettent le lutin, même lorsque le lutin ne les voit pas.
Il peut aussi voir à quel point le lutin s'épuise à courir, surtout lorsqu'aucun danger ne le guète.
L'aigle voit à quelle distance est le loup, et si il est déterminé ou pas à bouffer le lutin.
L'aigle ne tente pas d'éviter les dangers du lutin, il les observe, simplement.
L'aigle peut comprendre ce qui guète le lutin. Avec un grand détachement, une infinie sérénité.
L'aigle sait que si le lutin souffre ou se fait mal, il ne sera pas atteint.
L'aigle, aussi appelé la conscience, c'est l'âme.
L'âme ne souffre pas lorsque le lutin a mal.
L'âme est parfaite, elle ne peut être altérée. Comme l'aigle. Elle vole, haut dans le ciel et observe. Simplement.
C'est lorsque advient cette conscience que nous ne sommes pas uniquement des lutins que l'éveil advient.
Lorsque nous levons les yeux au delà des peurs, au delà de ce que l'illusion nous laisse voir, au delà des arbres.
Lorsque l'on se pose simplement la question : "Qu'est ce qui m'observe de plus haut ?"
"Quelle est cette part de moi qui est en conscience ?"
"Quelle est cette part de moi qui ne court pas ?"
"Quelle est cette part à l'intérieur de moi qui ne tente pas de contrôler pour échapper à un danger ?"
"Quelle est cette part de moi qui a conscience d'un danger, mais n'en a pas peur ?"
Le lutin devient observateur de l'aigle, pendant un moment, jusqu'à ne plus être que l'aigle.
Le lutin ne vit pas, il survit.
L'aigle observe la survie.
Il ne vit pas, il est la vie. Il est la vie même.
L'acteur illusoire, tout autant que l'observateur de l'illusion.
L'aigle sait que l'illusion dans laquelle se trouve le lutin est tenace. Il s'en amuse.
L'aigle qui ne connaît pas la peur, qui n'a pas peur de mourir, s'amuse du galop du lutin. Il le suit, au dessus des arbres. Sans jugement, avec un sourire d'aigle.
L'aigle n'a pas d'égo, il sait qu'il ne craint rien, il a en lui la certitude d'être en sécurité. Cette certitude lui donne toute se magnificence.
Il vole sans se poser de questions.
La non dualité, où l'éveil, c'est faire co-exister véritablement ces deux entités à l'intérieur de nous.
S'amuser tout autant que l'aigle, de voir nos personnalités (le lutin) s'évertuer à contrôler ce qu'il pense être sa vie.
L'aigle, est toujours présent, même lorsque l'on n'a pas idée qu'il est là.
Lorsque vous avez les yeux dans le vide par exemple. L'aigle s'exprime. Il est là, dans le "juste avant". Ce juste avant qu'arrive dans votre esprit le "Je" qui vous dit "Je regarde dans le vide".
Lorsque le lutin s'efface. Lorsque la personnalité égotique n'a pas conscience qu'elle observe.
La personnalité s'éfface. Pour ne laisser que le corps qui, laissé dans un abandon salvateur quelques instants, laisse l'esprit dans une amusante place où il n'a plus le besoin de contrôler quoi que ce soit.
Faire co-exister ces deux entités, c'est être la vie. Simplement.
Le lutin se blesse, pour l'aigle, c'est ok, il sait qu'il est bien plus que le lutin qui s'est blessé.
Le lutin s'est bléssé, mais peu importe, il continue en même temps d'être l'aigle serein.
On peut aider le lutin à aller mieux, à se sentir plus en sécurité, avec des techniques diverses, comme je vous le disais plus haut. La méditation, le détachement, la persévérance, en travaillant sur ses peurs, sur le lâcher prise, sur la perte de l'envie de contrôler.
En prenant conscience que nous sommes avant tout des aigles. Avant même d'être des lutins. Avant même d'être toute chose.
L'aigle n'observe pas que le lutin, il observe tout. De là où il se trouve, métaphoriquement au dessus des arbres, mais véritablement dans notre "grand espace intérieur", il observe la vie toute entière. Il observe Tout ce qui est.
ça vous dit de vous envoler un peu mes anges ???
@ Bientôt quelque part ;)